Ai Yazawa naît en 1967 au Japon. Elle commence sa carrière comme styliste avant de devenir mangaka. Elle est connue pour ses séries Paradise Kiss, Gokinjo, une vie de quartier et Nana, considéré comme une référence dans le domaine du Shojo, une catégorie éditoriale du manga, qui cible un public généralement féminin, adolescent ou jeune adulte. Elle remporte le prix du manga Shogakukan, un des prix majeurs du manga, pour Nana en 2003.
En 2009, Ai Yazawa tombe malade et interrompt son travail sur la série Nana, laissée inachevée jusqu'à ce jour.
Nana raconte l'histoire de deux protagonistes éponymes. Les jeunes femmes ont plusieurs points communs: elles ont vingt ans, le même prénom et sont sur le point de commencer une nouvelle vie à Tokyo. Mais tout dans leur caractère les oppose : la première, Nana Osaki, est rebelle et rêve de devenir chanteuse dans un groupe de rock, tandis que Nana Komatsu est douce et naïve. Au fil de leurs aventures, les jeunes femmes vont nouer une relation fusionnelle.
Nana, devenu un symbole de la culture pop japonaise, a acquis une popularité internationale.
Mais qu'est-ce qui fait la singularité de ce manga? Pourquoi est-il considéré comme "culte"?
Un style de dessin et un univers caractéristiques :
Ai Yazawa se distingue par un style de dessin délicat, considéré comme réaliste, en raison de l'attention particulière accordée aux détails du visage, des vêtements et des accessoires. Son goût pour la mode se remarque dans les tenues extravagantes et ses références pointues. Quant aux personnages, leurs mains et leurs regards expressifs capturent un riche panel d'émotions. Son sens de la mise en scène instaure un rythme presque cinématographique et renforce la tension dramatique.
Ai Yazawa colore son univers de sa passion pour la culture punk britannique. Les mentions à la créatrice de mode Vivienne Westwood ou aux Sex Pistols nous immerge dans un univers authentique, cher à la mangaka. Le dessin et l'univers sont caractéristiques du manga et lui confèrent une esthétique unique qui séduit toujours les nouveaux lecteurs, plus de 20 ans après la sortie du premier tome.
Sid Vicious des Sex Pistols et Ren Honjo dans Nana
Des personnages mémorables :
La qualité du manga réside en particulier dans ses personnages attachants et profonds. Ai Yazawa les développe avec subtilité, tout au long de la série, si bien qu'il y a toujours un détail qui nous frappe à la relecture, une ligne de dialogue ou un geste à (ré)interpréter. L'image vient combler les silences et les non-dits. Un réalisme et un mystère englobent les personnages, comme s'ils vivaient au-delà de la temporalité du récit, indépendamment du lecteur.
Cette profondeur vient également des relations singulières qui lient les personnages les uns aux autres. Celles-ci sont au centre de l'histoire et permettent de multiples rebondissements, que les liens soient amicaux, amoureux ou fraternels.
La voix narrative des deux protagonistes nous plonge dans leur pensées et leur intimité. La musique, les rêves et la célébrité sont également des thèmes importants du manga. Le lecteur suit des personnages pleins de rêves, qui se lancent dans la musique, dans le but de devenir des musiciens professionnels et de se faire connaître dans la capitale. Les doutes, l'ambition, la rivalité entre groupes concurrents, les révèlent dans toute leur complexité.
Si vous commencez cette série, ne vous attendez pas à un divertissement léger, sans prise de tête, mais bien à une histoire profonde et bouleversante. Grâce à son univers riche et ses personnages, Ai Yazawa nous propose une véritable ode aux sentiments humains.
Le manga continue de fédérer une grande communauté de fans aux quatre coins du monde, malgré une histoire qui restera probablement inachevée.
Isée, le 26 mars
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